J. 4 juin 2020.
Récupérer un peu... beaucoup... de souveraineté monétaire ?
A la différence d'une entreprise ou d'un ménage,
un État (ou une collectivité) souverain(e), disposant de moyens d'action, (connaissances, savoir-faire,
matériaux, énergie...), n'a nul besoin d'une épargne préalable pour
financer la création de nouveaux Biens Publics. (Comme par exemple ceux
nécessaires pour diminuer nos usages de carbone fossile1.)
Il est regrettable que la distinction artificielle entre Trésor Public et Banque
Centrale (qui appartiennent tous deux à l'État, c. à d. à nous tous), ait pu
être instrumentalisée, depuis plus de 2 décennies, au profit de ceux qui
cultivent le dogme d'une inévitable rareté monétaire.
Il s'agit d'un détournement de l'héritage culturel né de l'époque où
l'extraction et l'acheminement de métaux précieux constituaient un obstacle
au développement des échanges commerciaux. (La rareté des espèces métalliques
utilisées pour "frapper monnaie"... à donné naissance d'abord au
seigneuriage... puis au
système monétaire à réserves fractionnaires.)
Depuis le 15 aout 1971, la rareté monétaire est devenue une... vieille lune
! (Pour reprendre l'expression infâmante qu'avait utilisée au siècle dernier un
V-P du Medef, D Kessler patron de la branche Assurances, pour discréditer
la Sécu, née du programme du CNR, "Les Jours Heureux".)
En effet ce jour là, Richard Nixon a mis fin au lien entre 35 $ et... une
once d'or !
Bien que la situation radicalement nouvelle de la Monnaie fiat (monnaie
crée par simple écriture dans les comptes d'une banque, sans aucune
contre-partie même "fractionnaire"... en métaux précieux !), existe depuis près d'un 1/2 siècle, le système,
(instable par nature), de
création monétaire à réserves fractionnaires persiste pour le plus grand bonheur
de quelques uns... & comporte toujours 2 sortes de
monnaies:
- la monnaie [de la banque] "centrale", (que les Québecois appellent aussi "la
devise"), garantie par la collectivité,
- la monnaie scripturale des banques commerciales, qui ne l'est pas.
(Pour ne pas compliquer davantage cette tentative de dévoilement...
la monnaie électronique & les crypto-monnaies ne sont pas considérées.)
L'activité de "l'industrie
financière"... repose sur cette survivance du système dit "à réserves
fractionnaires". (Pour lesquelles, la monnaie [de la banque] "centrale" joue
le même rôle que l'or jouait autrefois: à la différence de nos banques
préférées, la Banque Centrale ne peut faire faillite.)
Bien qu'elle n'ait plus aucune justification depuis près de 50 ans, cette
situation absurde, (du moins pour... les agents non bancaires que sont les
entreprises et les ménages !), est
devenue quasi-mafieuse, lorsqu'à son tour... B. Clinton, (sous emprise de
Goldman Sachs...), a mis fin au "cordon sanitaire" entre banques de dépôts
et banques d'affaires ! (Abolition en 1999 du
Glass
Steagal Act, mis en place par Roosevelt.)
La forfaiture que fût, en Février 2008, la ratification par notre pays du Traité
de Lisbonne, (piétinant la volonté générale exprimée moins de 3 ans plus tôt), fut
suivie de la crise financière de 2008.
En dépit, (ou plutôt à cause...), de la directive BRRD, (Bank Recovery &
Resolution Directive), ces 2 événements ont rendue définitive
la disparition trop méconnue du bien public
que constituait au siècle dernier la sécurité des encaisses des ménages et des
entreprises.
Pour envisager de corriger cette situation
quasi-mafieuse, comme pour limiter le risque "que la dette publique
redevienne un instrument sacrificiel dans les mains de néo-libéraux", (comme
l'a dit à juste titre, hier, Nicolas Dufrêne), il est nécessaire de
distinguer les options suivantes:
- des mesures imparfaites, mais "UE de Lisbonne compatibles", et...
- celles théoriquement bien meilleures, mais impraticables, du moins sans
réforme radicale de l'UE de Lisbonne.
Les mesures les plus efficaces impliquent en
effet que le paradis pour banques pachydermes et multinationales, que nos
dirigeants ont fait naître contre notre gré, disparaisse ou se transforme au
profit d'une autre UE, plus respectueuse de la souveraineté populaire, et de
l'égalité de traitement entre catégories socio-professionnelles. (Notamment,
entre banques pachydermes & agents non bancaires: nous tous !)
Une UE qui ne considérerait pas les Accords de Libre Échange comme sa seule
raison d'être... (Surtout lorsqu'il s'agit... "d'ALE jusqu'à ce que mort
s'ensuive", qu'il s'agisse d'activités locales, d'emplois, ou même en cas de
pandémie... d'êtres humains.)
Voici 2 mesures "compatibles" (avec une UE de Lisbonne verrouillée par plusieurs dizaines de droits de veto...):
- Créer en France un Pole Public Financier de
taille suffisante (cf.
http://tinyurl.com/dividette ),
- Annuler la part de la dette publique que nous nous devons à nous mêmes
! (~400 milliards détenus par la Banque de France; cf.
https://tinyurl.com/annulladette ).
N.B. Dire, (comme le font les "4 pénibles":
Allemagne, Autriche, Pays Bas, Finlande), que si on annule une part de la dette
publique, les contribuables de l'Eurozone devront recapitaliser la BCE est
absurde. C'est la BRI de Bale, (la "Banque des banque centrales"), qui le dit !
Voici 2 propositions plus satisfaisantes sur le plan théorique. (Elles contribuent à faire naître un système stable et cohérent, au lieu de se contenter de réparer les dégâts d'un système qui ne possède aucune de ces qualités.)
- La Théorie Monétaire Moderne ("TMM"2)
: au moyen de la création monétaire souveraine, l'État dépense tout ce qui est
jugé nécessaire selon un débat public correctement organisé. Il maîtrise le
risque d'inflation en détruisant autant que de besoin la monnaie récoltée par
les impôts.
- Une 2ième mesure (qui peut se combiner avec la précédente), est de permettre aux
ménages et aux entreprises d'avoir un compte à la Banque Centrale, la seule qui
ne peut pas faire faillite. (Ces comptes seraient gérés par nos banques, comme
elles gèrent les comptes titres: sans en devenir propriétaires !)
Pour ceux que ces considérations jetteraient dans
le trouble & l'incrédulité, (ce fût mon cas, au début de ma vie de retraité...
Merci à tous les actifs qui cotisent pour moi, comme je l'ai fait pour de plus
anciens3 !), voici quelques lectures complémentaires:
https://annuel.framapad.org/p/La_monnaie_question_Dracula-_-_
1 Le carbone non fossile, que l'on trouve notamment dans le bio-gaz, la biomasse énergie, les immeubles en bois, ou les aliments naturels... fait partie d'un cycle biologique multi-millénaire qu'il serait absurde de taxer.
2 Dans la TMM, l’État est le créateur de la monnaie, et le reste de
l’économie obtient la monnaie auprès de lui.
[Y compris le secteur bancaire,
qui perd le double privilège de pouvoir créer de la monnaie, et d'avoir
une assurance "béton"... appelée "aléa moral"... en sa qualité de
propriétaire des encaisses des ménages et des entreprises. Cela pourrait
recentrer les banques sur leur coeur de métier: financer l'économie réelle,
plutôt que le GCF.]
La gestion du budget de l’État est inverse de celle du reste de l’économie :
au lieu de devoir préalablement obtenir sa monnaie des autres pour pouvoir
ensuite la dépenser, comme un ménage
ou une entreprise, tout au contraire, l’État doit d’abord créer et dépenser cette
monnaie dans l’économie avant de pouvoir éventuellement la reprendre. [Par
impôts et taxes. D'après JB Bersac.]
3 Le système de retraite par
répartition est bien plus robuste /résilient que le système par capitalisation,
puisque seule une petite partie des ressources de nos caisses de retraite peut
se trouver investie dans le "GCF" (Grand Casino Financier...), au risque de
s'évaporer... lors du prochain
tripatouillage des
comptes, ou du prochain éclatement de bulle spéculative.
En outre, les retraités par répartition ne se trouvent pas dans la situation
d'actionnaires de grands groupes, dont les attentes de rendement augmentent la pression sur
les
salaires, de sorte que ceux-ci progressent moins vite que les dividendes, déformant toujours plus la
répartition entre capital et travail du revenu net avant impôt.