16 Décembre 2018. (Révisé 19 Décembre.)

A ceux qui pensent que vouloir s'émanciper de la contrainte de la dette publique est une chimère...

Pour comprendre la forfaiture, l'attentat contre l'intérêt général... qui s'est produit entre 1968 et 1973, il faut connaître l'action de F. Bloch Lainé, (2nd Directeur du Trésor, en 1947, après la Libération, & la nationalisation de la Banque de France).
Ce grand serviteur de l'Etat a mis en place le "Circuit du Trésor", une série de dispositions qui canalisait les "liquidités"... vers le compte du Trésor à la Banque de France.
Il y avait aussi les "planchers d'obligation": sous peine de ne pas voir renouvelée leur licence bancaire, les banques devaient souscrire une tranche minimum des emprunts d'État...
Le Circuit du Trésor a permis de financer les investissements publics des "30 Glorieuses", avec quelques "petites choses"... comme la reconstruction des infrastructures détruites, la Caravelle, l'Airbus, le programme spatial, le TGV... (Et aussi, hélas... des trucs plus discutables comme les abattoirs de la Villette ou le nucléaire.)

C'est sous Pompidou qu'a commencé la destruction de la "bête noire des Banksters"... à savoir le "circuit du Trésor"... mis au point par F. Bloch-Lainé dans les années 50. (Avec des "planchers d'obligations" pour les banques... Quelle horreur !) Deux décennies avant de futurs exploits au Crédit Lyonnais... ce fut un certain J.Y. Haberer qui fut chargé, par Debré & Giscard juste après Mai 68... de démolir ce véritable bien public !
En s'appuyant sur le programme du CNR, et notamment la nationalisation de la Banque de France, FBL avait fait en sorte qu'un pays ravagé par la guerre puisse se reconstruire:
jamais, pendant les "30 Glorieuses", on n'a entendu, de façon significative, les lamentations de F. Fillon et alii: "L'État dépense trop... nous vivons au dessus de nos moyens"!  Etonnant, Non ? (En lançant de grands projets, de Gaulle disait même: "L'intendance suivra" !)

L'enterrement du Circuit du Trésor, (démantelé à la fin des années 60), est devenu irréversible ~20 ans plus tard, lors de la ratification du Traité de Maastricht, et de son article 104.
L'insistance de l'Allemagne pour exiger que le statut de la BCE soit la copie de celui de la Bundesbank fut un formidable effet d'aubaine pour les marchés financiers !
En effet, la négo franco-allemande relative au désastreux traité de Maastricht, a achevé la privatisation du pouvoir monétaire.
Conformément à ce qu'il faut bien appeler la malédiction européenne... ce compromis franco-allemand a, (comme beaucoup d'autres), conduit à la pire des options:
doter la BCE du même statut que celui de la Bundesbank, c à d. le statut, rédigé au siècle dernier, de la Banque Centrale d'un pays vaincu et occupé ! (Instruits par l'histoire, les Alliés ont mis le maximum de distance entre pouvoir politique et pouvoir monétaire).
En 2018, 18 - bientôt 19 - pays privés de la souveraineté monétaire, partagent cette situation paradoxale: utiliser leur propre monnaie comme une monnaie étrangère !
Cela gonfle une dépense facultative & improductive, (qui opère un "ruissellement à l'envers": de tous vers les plus riches, en UE et hors UE...), d'au moins 2% du PIB, soit plus de 2 fois le budget de l'UE.

Plus de détails sur cette histoire totalement méconnue, (comment le circuit du Trésor a permis de financer l'économie, la vraie... pas la Finance casino !), dans la thèse de Benjamin Lemoine soutenue à l'Ecole des Mines en Déc 2011. (voir notamment p. 70 & 86.)
Voir aussi:
https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_ordre_de_la_dette-9782707185501.html
ainsi que http://france-alter.info/IMP_Suisse_10juin.htm  et http://tinyurl.com/dividette