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de 400 000 Suisses n'ont pas hésité à contester un
privilège bancaire dépourvu de justifications depuis 47 ans !
(Texte révisé les 15&16 /06/2018.)
Même
si 66% d'entre eux ne se sont pas déplacés... honneur aux ~8% d'électeurs suisses qui,
le 10 Juin 2018, ont accompli un geste significatif pour s'affranchir du pouvoir
extravagant de la finance.
Lloyd Blankfein, le PDG de Goldmann Sachs, n'hésite pas à dire: "Nous
faisons le métier de Dieu !" (Sous entendu: "Nous choisissons ce qui
existera... et ce qui ne verra pas le jour !")
Certes les avertissements mensongers & les menaces à peine voilées de
l'establishment ont fait leur oeuvre funeste pour la démocratie: n'oublions
pas ce que disait A. Sauvy: "Bien informés, les hommes sont des citoyens ;
mal informés ils deviennent des sujets" !
Les
dirigeants du secteur bancaire, et les medias qui leur sont asservis, n'ont pas
ménagé leur peine pour dissuader une large part des électeurs suisses de
mettre fin au coûteux privilège des banques !
On trouvera ci dessous quelques uns des éléments indispensables pour apprécier
la taille de cette occasion manquée, hélas prévisible et prévue... au pays des banques Suisses...
& pays-hôte de
la BRI ! (La "Banque des Règlements Internationaux", fondée dans les années 30,
dont le siège est à Bale, et que certains appellent... "La banque des Banques
Centrales"!)
En synthèse, on peut noter que...
- le
système monétaire à réserves fractionnaires est né au XVIième siècle pour
pallier l'insuffisance des quantités de métaux précieux disponibles. (Selon
Patrick Viveret, en triplant la quantité de moyens de paiements, il a permis le
démarrage du capitalisme.)
- Ce système ancien est connu pour avoir été source de nombreuses paniques
bancaires (Cf. Northern Rock en 2008.)
- Compte tenu de divers effets d'aubaine intervenus depuis 1971, (détails
ci dessous), les titulaires d'une licence bancaire (c. à d. de la concession par
la puissance publique du pouvoir régalien de création monétaire), trouvent dans
notre système monétaire, instable et bancal, une source de profits démesurés.
Les crises financières récurrentes sont l'autre face de la même médaille.
- Le système monétaire actuel nous contraint d'utiliser ~90% de monnaie
scripturale de banque, (éphémère, fragile, et coûteuse), contre seulement 10% de
monnaie centrale (quasi permanente et gratuite, car non chargée d'intérêts; il
s'agit bien entendu, des pièces et des billets, que les banques ne peuvent pas
fabriquer.)
- Ce système n'a plus aucune justification depuis le 15 août 1971. (Détails ci
dessous.) Cependant, les divers effets d'aubaine dont le secteur bancaire a pu
bénéficier depuis ~47 ans, constituent à l'évidence un obstacle majeur à sa remise en cause.
- Certes, les Suisses ont pu discuter pendant plusieurs semaines une
proposition toute simple: étendre aux agents non bancaires, (c a d les
ménages et les entreprises), la possibilité d'utiliser la monnaie scripturale de
la banque centrale, la seule que les banques utilisent entre elles car elle
est garantie par la collectivité.
En dépit du
torrent de "Fake news" et autres vérités alternatives...
déversé par les principaux médias et partis politiques, (du moins ceux inféodés
au secteur bancaire), quelques 8% des électeurs suisses, (soit plus de 400 000),
ont su distinguer le
vrai du faux.
- Le vote en Suisse, ce 10 juin, constitue indéniablement un pas dans la
bonne direction. Voici ce qu'a écrit dès le 6 juin, l'ancien banquier à
l'origine parmi d'autres, de cette incroyable initiative populaire (Heureux
Suisses qui disposent de la possibilité de se prononcer souverainement sur les
questions vitales qui les concernent, et peuvent désavouer autant que
nécessaire les partis politiques colonisés par les lobbies !) :
"Chères amies, chers amis
Nous avons de toute manière gagné. Presque tout le monde a appris et compris que
de la fausse monnaie en pseudo francs suisses est créée par et pour les banques
commerciales. Vous avez contribué à ce que l’initiative populaire «monnaie-pleine»
devienne réalité et à ce que nous cheminions ensemble depuis que l’idée est née
jusqu’au jour de la votation.
Vous avez écrit, organisé, collecté, discuté, débattu, apporté vos réflexions,
toujours dans la bonne humeur, l’enthousiasme et la critique constructive. Avec
vous, cette prétendue utopie a pris forme et substance et restera vivante
au-delà du 10 juin prochain. Par vos actions, la vision d’un nouveau monde plus
juste passe lentement mais sûrement de l’imagination à la réalisation. Nous
aimerions fêter ça !"
Pour ceux qui dans notre pays, aspirent à rénover
une démocratie où le fossé entre représentants et représentés s'élargit
aussi vite que se creusent les inégalités... il y a au moins 2 leçons à tirer de
cette occasion manquée.
- Un mécanisme de recueil de préférences collectives analogue aux votations
helvétiques devra comporter l'instauration d'un Conseil de surveillance
des conditions du débat public. Il sera chargé de garantir l'équilibre
des moyens entre le "Pour" et le "Contre":
dans le cas du débat suisse sur la "Monnaie Pleine", le document officiel que le
Conseil Fédéral a distribué aux citoyens, comportait 1 page "Pour" et... 7 pages
"Contre", tandis que
des infos
erronées ont été diffusées le 29 mai sur la RTS !
- Tant que perdure un système politique perverti,
dans lequel
les
"1%" disposent de
moyens suffisants pour convaincre les "99 %" de... voter contre leur
intérêt, il peut être Important pour les citoyens
soucieux de s'émanciper... de faire preuve d'un peu de roublardise:
Si, au lieu de parler de restauration du monopole de la BNS sur la création
de monnaie légale... la délibération proposée s'était contentée d'ouvrir
simplement la possibilité pour les ménages et les entreprises de confier leur
argent à la Banque Centrale, (comme c'est déjà le cas pour les employés
de la BNS...), le public peu informé aurait tout aussi bien compris la
différence entre un compte bancaire entièrement garanti par la collectivité...
et un compte bancaire susceptible de contribuer au sauvetage d'une banque en
difficulté ! (Comme... chacun des nôtres !)
La différence essentielle... c'est que face à une proposition vraiment simplifiée...
(débarrassée de mots aussi inquiétants que... monopole de création de monnaie
légale !), les opposants auraient eu du mal à agiter la menace et la peur,
tandis qu'au contraire... lorsque le sujet peut être complexifié à souhait, il
est facile d'évoquer les invasions de sauterelles... les inondations... ou les
fièvres malignes que "cette proposition étrange, qui n'existe nulle part
ailleurs"... va inéluctablement provoquer !
Pour en savoir plus sur le caractère pionnier du Référendum sur la "Monnaie
Pleine" du 10 juin 2018.
En à peine 1/2 siècle, plusieurs facteurs se sont conjugués pour amplifier
démesurément le pouvoir de créer à partir de rien, ("ex nihilo" en latin), la
monnaie "scripturale de banque", (celle qui figure sur nos comptes bancaires),
qu'il ne faut pas confondre avec la "monnaie scripturale de la Banque Centrale",
qui est garantie par la collectivité, (nous tous !), et la seule que les banques
utilisent entre elles. Il s'agit:
- d'une part, de
la rupture par Richard Nixon, le 15 aout 1971, du lien entre
une once d'or et 35$. L'abandon des accords de Bretton Woods, suivi de
l'adoption de taux de changes flottants, (accords de la Jamaïque), nous a fait
passer de l'étalon or à
la monnaie "Fiat" ("Que la monnaie soit" !), c. à d. l'argent que les banques
peuvent créer dans la limite de leurs règles prudentielles... peu prudentes !
(Puisque ce sont celles que le secteur bancaire fait adopter par la BRI !)
- d'autre part, des moyens de paiement électroniques, qui ont entraîné un quasi
abandon de la monnaie "fiduciaire", (pièces et billets), qui est pourtant la
seule monnaie à laquelle nous avons accès, pour bénéficier comme les banques...
d'un argent garanti par la Banque Centrale.
La part de la monnaie créée par les banques est ainsi passée d'un peu plus de
50% à plus de 90%. Le privilège bancaire (c. à d. la contrepartie du
système monétaire à réserves
fractionnaires... en vigueur presque partout depuis près de 5 siècles), était
déjà substantiel: il est devenu exorbitant: ~50% des profits du CAC 40 !
- en maniant habilement les mots valise de "modernité" et de "compétitivité"...
le secteur bancaire a réussi à couper le cordon sanitaire entre banques de
dépôts et banque d'affaires: l'avènement de "banques universelles à effet
systémique" constitue la réalisation méconnue d'un rêve de parieurs: "Pile nous
gagnons, Face ils perdent !"
En effet, la masse des dépôts en monnaie de banque est telle qu'une banque
universelle en difficulté doit obligatoirement être secourue, ce qui fait naître
une situation doublement immorale: à la douceur de tirer profit de ressources
qu'on ne possède pas (c'est le "privilège bancaire", tel qu'il existe depuis des
siècles), est venue s'ajouter une "assurance tous risques" quasi gratuite,
pudiquement qualifiée "d'aléa moral" !
En effet, même si nous l'ignorons, l'argent que nous confions à une banque
devient sa propriété, tandis que nous en devenons... les créanciers !
Après la crise de 2008, des dispositions ont été prises pour qu'en cas de
nouvelles défaillances, ce soit les créanciers (et non plus les États), qui
contribuent aux sauvetages. Ce passage du "Bail Out" au "Bail In"... a été consacré
par la
BRRD (Bank Recovery & Resolution Directive), qui autorise les banques à
se recapitaliser en... prélevant sur nos dépôts !
Cette mesure, (potentiellement explosive pour l'opinion...), a été dissimulée
derrière une "campagne d'information"... sur la garantie des dépôts (à hauteur de
100 000E), une manoeuvre qui a effectivement réussi à calmer les esprits.
Il est peu connu que cette mesure est largement inadéquate: outre qu'elle
conforte l'aléa moral... elle est conçue pour protéger les déposants du risque
"systémique" que représentent les banques "pachydermes"
(tellement énormes que leur faillite susciterait un effet domino catastrophique.)
Tandis qu'une banque pachyderme détient plus de 10% de la masse des dépôts, il
se trouve que le fonds de garantie ne représente que quelques % de cette
masse...
Faute d'avoir su saisir l'occasion de s'émanciper de la domination de la planète
Finance, les Suisses vont continuer à rafistoler avec toujours un temps de
retard... un système instable et injuste, source de crises
financières récurrentes et de profit extravagants pour les banques.
Il en va de même pour nous, Français, sauf peut être... si nous revendiquons à
notre tour la possibilité d'utiliser la monnaie scripturale de la Banque de
France, la seule
que les banques utilisent entre elles car elle est garantie par la collectivité.