Avril 2010. A propos du financement des régimes de retraite. (<=Pétition A SIGNER !)
Bonjour a Tou(TE)s
1) Ce pur produit de l'Eurocratie que Jacques nous a signalé le 7 avril: "Gestion
privée des régimes par capitalisation et leur contribution aux pensions de
retraite adéquates et viables", m'a un peu gâché le week end !
Il m'a rappelé un autre rapport, celui de Price WaterHouse Cooper, (longtemps
visible sur le site d'Euractiv): "Réforme postale; il faut réduire les
coûteuses obligations du service universel".
Le titre se suffit à lui même: pas la peine de lire ce texte, si symbolique du
paradis qu'hélas... l'UE est devenue pour le "capitalisme de dérégulation
à dominante financière"! voir:
http://www.euractiv.fr/reforme-postale_61480 (Curieusement, le lien qui
apparaît sur cette page est HS).
Non seulement, les braves gens qui ont pondu le rapport "Gestion privée des
régimes par capitalisation..." parlent à longueur de pages, sans dire de
quoi il s'agit, d'OMC ou de "DB scheme"... mais en plus, ce texte
a été écrit après
le désastre d'Enron ! (et pendant celui des subprimes !)
Quand je songe au nombre d'américains qui, à 70 ans, ont du se remettre à
chercher du boulot, j'en conclus que ce "Social Protection Committee"
doit être peuplé de gestionnaires de Hedge funds (j'ai failli écrire d'imbéciles
ou de salauds, quoique l'un n'empêche pas l'autre !)
N'est-il pas insupportable, après un exemple si convaincant de "l'efficacité
redoutable"... des régimes par capitalisation de voir, sur un site officiel de
l'UE, un document, (opaque sauf pour les initiés), qui mentionne (p.4), un
système assez proche de la roulette russe:
"In particular, the risk sharing regarding future levels of pension benefits
is different in funded DC schemes, in comparison to DB or unfunded schemes,
since, the final outcome of DC funded schemes is generally unknown, depending in
particular on future levels of rates of return, and not only on pension accruals."
Il y a aussi ces phrases qui, meme si elles sont impénétrables, montrent bien le
but cherché: celui de la protection sociale... des employeurs ! "DC
schemes are becoming more prevalent partly because there DB schemes were putting
pressure on employers' costs especially in the light of an ageing society".
Je signe sans hésiter toutes les pétitions pour la défense des Services publics
ou la sauvegarde de notre modèle social, qui passent à portée de ma souris...
cependant, je suis de plus en plus inquiet de l'effet "Collection de villages
Gaulois":
2)
Bien sur, c'est sympa d'aller soutenir, (comme je le fais depuis 10 ans), un
jour... les "Déboulonneurs", (anti-pub
envahissantes ), un autre le SP de la Poste... un autre encore les
hôpitaux ou l'enseignement publics. Je me demande souvent s'il ne serait pas
plus efficace de s'intéresser aux "causes premières", et à ce qui se cache
derrière le fameux TINA ("On n'a pas le choix !"), manié autrefois par
Margaret Thatcher !
Pourquoi, la "Sauvagerie des Private Equity Funds", comme dit F. Lordon,
s'impose-t-elle à nous ? Ne faut-il pas énoncer plus souvent que l'on ne peut
sauver à la fois des Biens Publics comme la Santé ou le Climat, et le système
économique... que le même FL appelle "Capitalisme de Dérèglementation à
Dominante Financière" ?!
N'est-il pas urgent de "Médiocriser
la Finance !", comme le réclame aussi Jacky Blanc, (Psdt de La NEF), dans un
récent numéro du bulletin Vif Argent?
N'est-il pas urgent de reconquérir le pouvoir régalien de création
monétaire privatisé lors de la négociation du Traité de Maastricht ?
(Les banques privées intermédiaires obligés entre BCE & Trésors publics avec,
rien que pour la France, un coût de ~1 milliard par semaine, que tous les
Français paient aux plus riches de la planète).
Avec une dette de ? ~ 1300 milliard ("1300 GE") au taux moyen de
4%... on risque effectivement de payer 52 milliards /an (Tous chiffres purement
indicatifs /illustratifs: bien sur, en 2010, la dette Fr. est proche de 1500 GE).
Depuis 30 ans, nous avions versé -à fin 2006- environ ~1300 GE d'intérêts
(actualisés en Euro 2006), alors que nous devions toujours ~1300 GE fin 2006 !
Etonnant, non ? Si ces intérêts avaient été versés a la Banque de France,
et non pas "au marché", (qui décide en outre quel taux d'intérêt doit nous
être appliqué...), il est clair que la dette serait proche de zéro... et que
l'argument Fillon du "pays en faillite qui doit se serrer la ceinture"...
disparaîtrait !
Tout ceci est une conséquence de l'article 104 du Traité de Maastricht, (123 de
Lisbonne), lui même issu des statuts de la Bundesbank... rédigés après la
seconde guerre mondiale... avec l'obsession de bannir le recours à la
création monétaire publique, consubstantielle du 3ieme Reich.
Cf. Rocard fin 2008, à propos de Maastricht: "Nous n'aurions jamais du
céder sur les instruments monétaires..." Ceci illustre, hélas, ce qu'on
peut appeler la "malédiction européenne" !
Pour notre malheur... un outil, la création monétaire publique a été employé à
des fins épouvantables: en moins de 10 ans, il a permis de transformer une
économie pantelante, (effet des dommages de guerre du Traité de Versailles), en
la première puissance militaire en Europe ! (cf
Schacht, ministre des finances
d'Hitler, et
son invention des "bons MEFO").
Les statuts de la BCE de 2010 sont donc ceux de la Bundesbank... c à d qu'ils
ont été rédigés, peu après 1945, au nom du "Plus jamais ça !" C'est un peu comme
si l'usage du marteau était interdit... après un assassinat à coups de marteau !
C'est hélas ce qui s'est passé lors des 50 ans de construction européenne, avec
un formidable effet d'aubaine pour les marchands... de cloueurs automatiques
! Ce sont eux, bien sur qui , dès qu'on parle de "monétiser la dette"...
agitent frénétiquement l'épouvantail de la "Planche à billets", en
martelant ... qu'un marteau ne peut être que foncièrement mauvais !
Toute cette saga, véritable chapitre de l'aventure humaine, au moins en Europe,
est
pratiquement absente des cours d'économie, question compliquée en outre...
par la crainte d'être accusé de faire l'apologie du nazisme !
Dommage qu'elle ait pour conséquence la destruction des services publics,
élément central de notre modèle social, avec -in fine- la résignation à
ce que plein de gens vivent et meurent dans les rues ! La part des salaires dans
le partage de la richesse a baissé de 10 points en 30 ans... (cf.
Rocard dans Libé, début février 2006). L'idéal du capitalisme de dérégulation à dominante
financière... c'est bien sur le rétablissement de l'esclavage ! Remplacer notre
modèle social par celui en vigueur au Moyen Age féodal... n'est-ce pas une
malédiction ?