L'UE de Lisbonne... ce n'est PAS NOUS !
Ulrich Beck & Daniel Cohn-Bendit nous proposent en ce moment de signer un
Manifeste intitulé:
*L’Europe, c’est nous ! Manifeste pour la création d’une nouvelle Europe par
le bas*
OU, plus exactement..., ils nous proposent de signer un... Manifeste à
géométrie... variable selon la page web que l'on consulte":
http://manifest-europa.eu/allgemein/wir-sind-europa?lang=fr
http://manifest-europa.eu/category/allgemein?lang=fr
- Comme vous pouvez le voir, la 2ieme version s'arrête à la phrase:
Il faut démocratiser les démocraties européennes et créer ainsi une nouvelle
Europe. Dans l’esprit de ce slogan : Ne te demande pas ce que l’Europe peut
faire pour toi mais demande-toi que tu peux faire pour l’Europe – Doing Europe!
Au contraire, la première version continue ainsi:
Aucun des grands penseurs – de Jean-Jacques Rousseau à Jürgen Habermas – n’a
voulu d’une démocratie qui se résume affaiblie à des scrutins périodiques. La
crise de la dette qui divise actuellement l’Europe est de nature économique mais
aussi politique. Pour la résoudre, nous avons besoin de la société civile
européenne et de la vision des jeunes générations. Nous ne devons pas laisser
l’Europe devenir une sorte d’ennemi et le mouvement de colère des citoyens
contre une Europe sans Européens se développer. L’Europe ne peut fonctionner
sans Européens engagés et les Européens ne peuvent s’engager s’ils ne peuvent
respirer l’air de la liberté. [Fin de citation, sachant qu'il y a encore 3
autres alinéas non reproduits ici, mais que vous pouvez consulter a loisir
ici...]
- Outre la fausse manoeuvre, (fortuite ou délibérée ?), consistant à recueillir
des signatures sur la base de 2 versions differentes de ce Manifeste... il y a
surtout la confusion mentale, (fortuite ou délibérée ?), que constitue l'emploi
du mot Europe dans la phrase suivante:
"Nous ne devons pas laisser l’Europe devenir une sorte d’ennemi et le mouvement
de colère des citoyens contre une Europe sans Européens se développer. L’Europe
ne peut fonctionner sans Européens engagés et les Européens ne peuvent s’engager
s’ils ne peuvent respirer l’air de la liberté."
La première exigence du débat démocratique, c'est de s'exprimer clairement, de
façon non ambiguë, (de fuir, par exemple, les oxymores dont on raffole a
Bruxelles... comme Concurrence libre ET non faussée... Développement Durable...
Pacte de Stabilité ET de Croissance... sans oublier... Traité Constitutionnel...
qui fut objet en France, il y a 7 ans et un jour, d'un... Référendum pour
rien !)
Relisons la phrase qui parle de la "colère des citoyens"... telle que Ulrich
Beck & Daniel Cohn-Bendit auraient du l'ecrire, pour éviter d'égarer leur
public (de façon fortuite ou délibérée ?):
"Nous ne devons pas laisser l’UE de Lisbonne devenir une sorte d’ennemi et le
mouvement de colère des citoyens contre une UE de Lisbonne sans Européens se
développer. L’UE de Lisbonne ne peut fonctionner sans Européens engagés et les
Européens ne peuvent s’engager s’ils ne peuvent respirer l’air de la liberté."
- L’Europe, c’est nous ! OU... LA TROMPERIE, c'est nous ?
Une union politique dont les règles conduisent à protéger la finance plutôt que
la population ne mérite que du mépris. La ré-orientation de cette construction
monstrueuse qu'est l'UE de Lisbonne est une tache prioritaire !
Il n'y a pas que la "colère des citoyens": il y a aussi leur
dégoût et leur
révolte, devant le spectacle de Grecs contraints de se nourrir dans les
poubelles ou qui préfèrent se suicider, (tandis que C. Lagarde ose les
menacer... si d'aventure, ils s'avisent de ne plus voter pour les politiciens débiles ou
corrompus... qui les ont conduits dans ce cauchemar !)
L'enjeu essentiel se situe autour de la gestion du risque de crise
franco-allemande. Il convient de rechercher:
- d'une part les mesures "germano-compatibles"... (pas de modification des
règles actuelles, ou pas d'opposition de la droite allemande),
- d'autre part, celles qui ne le sont pas, mais qui pourraient offrir une "porte
de sortie honorable"... à la droite allemande, à ne surtout pas confondre avec
le peuple allemand ! (victime, lui aussi, de la déflation compétitive, et des...
"jobs à 1 Euro").
Dans la première catégorie se situent:
* la réforme fiscale et la lutte contre l'évasion fiscale: la suppression des
"niches" crées depuis 1993, ainsi que la limitation de la fraude pourraient
rétablir les recettes de l'Etat à un niveau supérieur a 21 % du PIB (cf.
cette
figure).
* la création éventuelle de taxes européennes comme la TTF (Taxe sur les
Transactions Financières), ou une Contribution Climat Energie (mal nommée "Taxe
Carbone"), 2 dispositions, soutenues par la gauche, (progressiste ou non), qui
ont en commun de:
# de "favoriser le bon usage et pénaliser le mésusage"... selon l'excellente
formule employée par Paul Ariès,
# d'etre de nature fortement redistributive: des plus consommateurs d'énergie et
de produits, (dérivés... ou non !), vers tous !
* la création d'un (ou plusieurs) pole(s) public(s) bancaire(s), de taille
suffisante pour mettre à profit la possibilité de prêts directs de la BCE que
ménage le 2ieme alinea de l'article 123 du Traité de Lisbonne (cf. page 130 de
http://tinyurl.com/T-Lisbonne ). Sinon, la privatisation du privilège de
création monétaire par le crédit, intervenue dans le sillage du Traité de
Maastricht, (cf. le coefficient multiplicateur proche de 5 entre la masse
monétaire M1 et la base monétaire BCE, visible page 5 de
ce doc. Natixis),
continuera à alourdir de plusieurs dizaines de milliards/an le budget de la
dette de l'État.
Dans la seconde catégorie, (imaginer des "couleuvres" que la droite allemande
soit... obligée d'avaler !), on trouve la gouvernance économique européenne:
même un truc aussi infâme que le Pacte Budgétaire, (cette bombe à retardement...
que "Merkozy" ont laissé à leurs successeurs), pourrait, il me semble, être
rendu moins inacceptable, tout en évitant un blocage franco-allemand...
Il s'agit de trouver un truc qui neutralise cette machine infernale... tout en
permettant à la droite allemande, (ne pas confondre avec le peuple allemand...),
de... "caner sans perdre la face" !
Quid, par exemple, d'un "protocole additionnel"... qui préciserait le mode de
calcul de cet objet inconnu nommé... *Déficit structurel* ?!
Si on demande à 3 économistes, (atterrés ou non...), de te le calculer, on
risque d'obtenir 4 réponses largement dispersées autour du seuil... fatidique,
de 0,5% du PIB ! (celui qui déclenche les sanctions automatiques).
Pour l'instant, ce calcul arbitraire est laissé à la discrétion des eurocrates
et de la Troïka... Bonjour la démocratie !
Il suffirait, par exemple, d'introduire dans le calcul de cet objet
indéterminé... qu'est le "déficit structurel", un *coefficient de pondération*
lié à la nature des dépenses publiques: ce coefficient pourrait être proche de
zéro pour les dépenses d'investissement consacrées à la transition
énergétique... (Transports en commun, isolation des bâtiments), et... supérieur
à 1, au contraire, pour les dépenses favorisant l'agriculture intensive, la sur-consommation, et la société du gaspillage ! (On retrouve ici le critère
"d'utilité sociale"... pour tenter de limiter les ravages d'un indicateur aussi
"borné"... que le PIB !)
Le dispositif pourrait être prémuni contre les abus, en limitant par exemple à 5
ou 6 % du PIB, le déficit total non pondéré...
On étendrait ainsi à tout l'appareil d'Etat la "bonne pratique" que vise la CCE
(Contribution Climat Energie, mal nommée ... Taxe Carbone"): Favoriser le bon
usage et Pénaliser le mésusage !