Zone Euro: zone de creusement des inégalités et de... "Forfaitures en Février"! (20 Février 2012; Révisé 30 avril 2012).
En réponse à
cet excellent article
de Bastamag ! (Pourquoi le «mécanisme européen de stabilité» est une aberration.)
Faute de réussir à alerter les français sur les incohérences,
nées au siècle dernier, du compromis franco-allemand sur la monnaie unique, ils restent exposés au sentiment de culpabilité que
l'oligarchie et ses médias dominants
recherchent... lorsqu'ils
parlent de pays en faillite... au lieu de s'étonner que notre rêve européen
ait pu devenir en 4 ans... un tel cauchemar !
Le sentiment de culpabilité, soigneusement entretenu par les
nouveaux
chiens de garde... est en effet, une condition
nécessaire, (et souvent suffisante... hélas), pour obtenir le bon degré de
résignation, puis de docilité... face à la brutalité des attaques contre les
plus fragiles, sans parler des... Forfaitures de Février (Après celle de
Lisbonne 2008... la ratification du MES 2012, par... une assemblée en fin
de mandat ?)
Sans prendre le temps de les développer toutes, voici les principales raisons qui font
de la zone Euro une zone monétaire injuste et non viable, de sorte que seuls,
l'acharnement dans l'erreur, le déni de réalité, et le totalitarisme peuvent
encore masquer les incohérences du Traité de Lisbonne !
Vu la complexité et la sensibilité du sujet, qui met en question des intérêts,
(à plus d'un sens du terme), vraiment colossaux... il faut d'abord rappeler
quelques éléments - et quelques lacunes - de notre culture commune. (Éléments et
lacunes que l'oligarchie exploite avec profit... dans la mesure où le
compromis franco-allemand sur Maastricht a constitué, pour la finance
internationale, un formidable effet d'aubaine !):
- Pour un particulier ou une entreprise, l'opinion considère à juste titre que
ne pas payer ses dettes, constitue non seulement une faute morale... mais
surtout une situation réprimée par la loi, et qui conduit à la faillite, puis à
la mise en vente du patrimoine du débiteur défaillant.
Tout l'astuce de ce pouvoir plus soucieux de
sauver
les banques que de sauver les gens... c'est d'assimiler
le choix pour un État souverain de Faire défaut à... la faillite d'une
entreprise ! Il y a pourtant de larges différences :
- un État peut fixer lui même le niveau de ses revenus: par exemple... après les
avoir baissés de près de 100 milliards/an depuis 10 ans, (cf. Gilles Carrez,
rapporteur UMP des Finances...), il peut décider de les rétablir au niveau
antérieur,
- un État est bien plus pérenne qu'un
particulier ou qu'une entreprise, de sorte qu'il peut se permettre... la
cavalerie: contracter chaque année de nouveaux emprunts pour rembourser les
anciens ! (En 2012, l'Agence France Trésor empruntera environ 180
milliards, 3 fois le budget de l'éducation, dont 130 pour rembourser d'anciens
emprunts venant à échéance, et ~50 pour payer les intérêts d'un stock de dette
d'un peu plus de 1300 milliards, fin 2011).
- Un Etat souverain peut exiger de sa Banque Centrale, (qui a reçu le monopole
d'émission de la
monnaie de base), qu'elle actionne la création monétaire, non
pas au seul profit des banques commerciales... mais aussi au profit de la
collectivité nationale qui émet et garantit cette monnaie de base. (Par exemple,
pour financer des investissements publics créateurs de richesses et d'emplois:
collèges, hôpitaux, voies navigables, économies d'énergie, etc.)
- Enfin, lorsqu'un Etat souverain décide un Défaut Partiel Ciblé, (c. à d.
qu'il choisit quels créanciers seront -ou non- remboursés, en totalité ou en
partie), il ne met pas en péril son patrimoine: aucun huissier ne vient
mettre
en vente ses biens ! En outre, l'expérience montre que son crédit international,
momentanément mis en cause, se rétablit très vite: des centaines de
restructurations de dettes ont eu lieu depuis 50 ans, les plus récents
évènements de crédit... étant ceux de l'Argentine et de l'Islande, 2 pays qui
ne sont membres d'aucune union monétaire... mais auxquels les agences de
notation accordent pourtant, (après qu'ils aient fait défaut), une note
meilleure que... celle de la Grèce !
Sur le fond, en laissant de coté la vente des bijoux de famille, (Musée de la
Marine, stock d'or...), un état ne dispose que de 4 moyens de financer ses
dépenses: l'impôt, l'emprunt, la création monétaire par la Banque Centrale,
et... la fin de la gratuité: rendre payant, (ou plus couteux), l'accès aux
services publics: éducation, santé, services en réseau (tels que le train,
l'eau, le gaz, et l'électricité).
Comme déjà indiqué, le compromis franco-allemand de 1991 sur le statut de la
BCE, (copie conforme de celui de la Bundesbank), portait en germe le cauchemar
qu'est devenue l'UE de Lisbonne. En effet, parmi les 4 moyens, pour un État
souverain, de financer ses dépenses, le Traité de Maastricht en neutralisait 2:
- d'une part, l'impôt, car la monnaie unique sans solidarité entre ceux qui
sont contraints de l'utiliser, mais avec liberté totale de circulation des
capitaux (y compris HORS UE !), rend obligatoire la concurrence fiscale, c. à
d. la réduction des recettes de l'État.
On s'étonne, par exemple, de l'impuissance avouée des dirigeants grecs à taxer
les armateurs ! Cet aveu n'a pourtant rien de scandaleux: les armateurs grecs
peuvent utiliser la liberté d'établissement et la liberté de circulation des
capitaux, (toutes 2 garanties par le Traité de Lisbonne), pour déplacer leur
siège social, ou leurs profits, ailleurs qu'en Grèce !
La situation des armateurs grecs non taxables... n'est en réalité qu'un cas
particulier du constat plus général qui fait de l'UE un territoire de... libre
prédation: en l'absence d'harmonisations fiscale et sociale, les libertés
garanties par le Traité de Lisbonne facilitent l'incivisme, et rendent la
perversité obligatoire... sauf à moins performer, (comme disent les
financiers), que le... fonds vautour d'à coté !
Il est même surprenant que les gestionnaires de hedge fund aient attendu la
crise de 2008, pour s'apercevoir que les incohérences de cette construction non
viable qu'est la zone Euro, (notamment l'absence de solidarité entre les 17
membres), leur offraient de belles opportunités pour... leurs performances !
- d'autre part, le financement direct du Trésor Public par la Banque Centrale,
une option que les financiers s'efforcent de diaboliser avec une expression
comme planche à billets", qui évoque un épouvantail commode: le risque
d'inflation ! Or, la création monétaire est une nécessité liée à l'activité
économique. L'idée de placer les banques commerciales en intermédiaires
obligés entre Banque Centrale et Trésor Public implique une dépense énorme (~
50 milliards en 2012), et... injustifiée ! En effet, il n'y a aucune raison que
la création monétaire publique soit toujours inflationniste, et que la création monétaire privée, (par l'intermédiaire du crédit au Trésor, aux particuliers, et
aux entreprises), ne le soit jamais !
Pour preuve, les bulles spéculatives de 2007, ou la hausse de l'immobilier, qui
sont des effets inflationnistes... dont ne rend pas compte l'IPC (Indice des
prix à la consommation). Plus précisément, entre 2000 et 2008, la masse
monétaire a augmenté de ~80 %, (pendant que la BCE proclamait sa volonté de...
la limiter à 4,5% par an (!), cette impuissance provenant de... l'obligation de
servir la liquidité... c a d créer de la monnaie de base,
pour éviter l'effondrement du système bancaire, suite à une cascade de
faillites liées a l'abus du privilège bancaire... le plus souvent sans
bénéfice pour l'économie réelle !)
En résumé, la hantise de l'inflation chez nos voisins allemands, (bien
compréhensible pour qui connaît l'histoire de l'entre 2 guerres), nous a valu il
y a 20 ans, un
compromis franco-allemand sur la monnaie unique, non viable car:
- d'une part, il excluait la solidarité, (les
fourmis du Nord craignant de
devoir payer pour... les cigales du Sud !) Ce choix revient à nier une
évidence: au sein de l'UE, les excédents commerciaux (vertueux ?) des [H]uns...
ne peuvent exister qu'à raison des déficits commerciaux (vicieux ?) des autres !
(Les PIIGS ?)
- d'autre part, avec la liberté totale de circulation des capitaux, (y compris
HORS UE), il donnait aux opérateurs financiers internationaux, (et notamment aux
hedges funds), la possibilité d'exploiter le défaut congénital de la zone
Euro... comme ils l'ont fait après 2007 !
Bien entendu, les dirigeants des grands partis européens, qui ont "ignoré", (délibérément
ou... non), les faiblesses du système qu'ils mettaient en place, ne sont pas
prêts à reconnaître leur erreur. (Surtout en période d'élections, et... il y en a
chaque année, dans l'un ou l'autre Etat !)
Or, pour les pays du Sud, (dont la France), s'il est concevable de continuer de
payer les intérêts, (au moins un temps), il est impossible de rembourser un
stock de dette supérieur à 80% du PIB, SAUF à:
i) rétablir la pression fiscale au niveau antérieur, ce qui (en attendant une
hypothétique harmonisation), implique de limiter la liberté de circulation des
capitaux.
ii) restituer a l'État le pouvoir monétaire, notamment celui de financer ses
investissements annuels, (à hauteur de 3 ou 4 point de PIB), par émissions
périodiques de monnaie de base (au profit de la collectivité nationale qui en
garantit la valeur),
Ces 2 modifications du Traité de Lisbonne signifieraient la fin de la domination
de la finance sur le politique... (elles pourraient épargner... à nos
gouvernants la situation peu enviable de... pantins tremblant de perdre la note AAA
!) Elles sont donc hautement improbables !
Bien au contraire, après avoir mis en place sans précautions le système injuste
et absurde qu’est la monnaie unique, nos dirigeants s’affairent pour mettre en
place des... garde fous ! Les Eurobéats, (candides, mais incompétents), comme
les Euro-cyniques, (ceux qui ont vite vu que l’UE de Lisbonne allait devenir une
machine à redistribuer les revenus fonctionnant à l'envers: de tous vers
les plus favorisés, et un paradis pour le…Capitalisme de Dérégulation à Dominante Financière
!), se rendent
compte à présent que la machine infernale qu’ils ont créée est devenue
incontrôlable !
Les mesures qu'ils ont bricolées en urgence, c à d. le MES et le TSCG, sont deux dispositifs monstrueux, insidieusement liés pour mettre en
oeuvre la méthode du saucissonnage: pris séparément chaque texte semble
acceptable… le danger résulte de la combinaison des deux ! Ce montage retors
ajoutera l’incertitude juridique à l’absurdité de la construction qu’est la
monnaie unique ! (En raison du recours à la procédure simplifiée, pour la révision
préalable du Traité de Lisbonne, alors que les conditions requises pour une
procédure simplifiée... ne semblent pas réunies !)
Il faudrait pouvoir enfoncer le bouton Arrêt d’urgence… de cette machine
infernale ! Les parlementaires ont le pouvoir de le faire, (et aussi, de saisir
le Conseil Constitutionnel pour savoir si la procédure de révision simplifiée
est applicable !)
En tout cas, on comprend pourquoi ce pouvoir finissant évite à tout prix de nous
demander de choisir entre nos droits civiques, nos protections sociales, et...
sauver l’Euro ! Il se doute que les 99%... ne choisiraient pas l’Euro !
Pour ne pas rester au niveau d'un constat démoralisant ... il existe diverses solutions à la crise de la zone euro. Outre la mise en question de dogmes du néo-libéralisme, incrustés dans l'UE de Lisbonne... elles ont en commun de mettre fin au privilège bancaire, (la possibilité, pour une banque de taille moyenne disposant de 1000 E de monnaie de base, de créer par le crédit environ 5000 E de monnaie de banque, c à d de tirer profit, à travers le système des réserves fractionnaires, d'une ressource qu'elle ne possède pas). Voir par exemple: