6 Juillet 2015. Après ce magnifique Non !
Face à la grisaille ambiante, il m'arrive parfois de m'exclamer: Comme un lundi ! Mais, à la différence de bien d'autres... ce lundi 6 Juillet 2015 ne saurait être maussade !
- Tout d'abord, je songe à la sévère "gueule de bois" que nous aurions pu
avoir... si la propagande, (ou plutôt, la manipulation), en faveur du "Oui" avait réussi
à égarer les Grecs, hier !
Voir cette photo, en provenance du
site de Yannis Youlountas:
- En second lieu, ce NON bienvenu ne garantit pas, hélas, qu'on réussira à
déboulonner les "1%"!
La seule chose qui semble indiscutable ce lundi matin, c'est que le pire
(l'affaiblissement de nos libertés démocratiques au profit de la domination de
la Finance Casino...), est moins probable aujourd'hui qu'hier.
- Heureusement, le bagage de Tsipras en matière économique et monétaire ne
semble pas occupé par la pensée unique, si présente hélas, chez ses
collègues zeuropéens:
"Notre système monétaire est parfait... Seuls
des hurluberlus comme les "Économistes Atterrés" peuvent oser le remettre en
cause" ! (En passant, lors de
la conférence de Steve Keen et Gael
Giraud ce 16 Juin 2015, ce fut un grand réconfort d'entendre une étudiante de
Sciences Po s'exclamer, après la présentation du livre
L'imposture économique: "Jusqu'a
quand serons nous obligés d'apprendre des bêtises ?"
NB Un fichier doc avec la transcription/traduction
en français de cet exposé est dispo
ici !)
L'existence du rapport du Comité pour la verité sur la dette grecque, ainsi que la photo visible sur cette page web prouve que Tsipras n'ignore rien de ce que les élèves se Sciences Po et des grandes ecoles de commerce ne sont hélas, pas obligés... de savoir !
Cependant, certains responsables politiques peuvent être lucides... capables de se
positionner correctement entre le "souhaitable" et le "possible"...
et conscients
que "La politique est l'art de choisir entre les inconvénients"!
(Il y a des lustres que nous n'en avons plus par chez nous, du moins... sous les ors
des palais de la République !)
- Si l'on tient compte de l'ignorance de faits fondamentaux dans laquelle est
délibérément maintenue l'opinion publique, le gouvernement grec a raison de ne pas
formuler d'exigences de remise en cause du système monétaire européen, qui seraient illico exploitées par "les 1%", fidèles
à
leur stratégie préférée: Faire peur !
(J'espère que la démission de Varoufakis - que certains appellent... VarouFakir !
-
ne privera pas ses collègues d'une compétence qui a du être décisive dans
l'évolution du rapport des forces !)
Sur le verre "à moitié vide"... mais tout de même "à demi plein" !
La réforme (sinon la démolition...), de l'UE de Lisbonne demeure hélas
improbable tant que l'opinion publique ignorera des faits aussi importants que:
# Toute la monnaie que nous utilisons est créée "ex nihilo", soit par la Banque
Centrale ("BC"), soit par le réseau des banques dites de second rang (par
rapport à la BC).
En raison de son cours légal, cette monnaie, débarrassée du lien historique avec un stock
plus ou moins grand de métaux précieux, (lien qui a existé de l'aube de la
civilisation actuelle jusqu'au... "Nixon choc", le 15 août 1971), est parfois
appelée Devise Fiat ou Fiat monnaie.
# Une banque centrale, (également appelée Institut d'émission), est une banque
qui ne peut faire faillite ! Cela montre la valeur de... l'argument
d'austérité: si les Grecs ne remboursent pas, les contribuables vont
devoir recapitaliser la BCE ! Dire cela d'un établissement qui déclare
vouloir créer 60 milliards/mois pour le Quantitative Easing,
(un peu moins que la FED durant le "QE3" de 2013), c'est absurde, mais bien
utile pour manipuler l'opinion.
La valeur de la monnaie [de banque...] centrale (c.
à d. d'un droit de tirage... sur les richesses
existantes que créent les agents non bancaires), est garantie par la
collectivité souveraine au nom de laquelle la monnaie centrale considérée est émise.
# Le système monétaire à réserves fractionnaires... est une survivance
anachronique, totalement injustifiée depuis le 15 aout 1971 ! Il possède des
caractéristiques incompatibles avec la démocratie, comme par exemple:
* C'est un système instable: les banques de second rang, sont des sociétés
bénéficiant du privilège bancaire, (lié au système à réserves fractionnaires),
qui leur permet de tirer profit de ressources qu'elles ne possèdent pas.
Elles sont donc virtuellement en faillite: leur solvabilité, (notamment en
raison du risque de Bank run), étant - ou non - maintenue par la BC, dont le
comportement peut obliger un gouvernement qui se soumet au suffrage populaire, à fermer les banques.
(Comme en Grèce, la semaine
dernière.)
* Il s'agit d'une arme absolue dont JC Trichet s'est servi, d'abord à
l'encontre
des Irlandais, puis des Chypriotes.
Mario Draghi l'utilise aussi, mais en essayant de créer l'illusion qu'il résiste
aux pressions venues de Berlin... Cela crée une minuscule marge de manoeuvre...
que Tsipras a su mettre à profit.
* Bénéficiant comme le FMI, (ou le MES), de privilèges diplomatiques, la BCE est
une institution irresponsable au sens propre du terme: il n'existe aucune
autorité susceptible de sanctionner les erreurs éventuelles de notre Institut
d'émission, situé à Francfort !
* Que des responsables politiques, comme E. Guigou et J. Attali, aient pu accepter, il
y a ~23 ans, les propositions du Sherpa de Kohl (Hans Tietmeyer),
qui faisaient naître une situation aussi exorbitante vis a vis des droits
humains, est un signe manifeste de... leur cygnorance ! (= un mélange de cynisme
et d'ignorance !)
* La création monétaire, (qui n'est pas... toujours inflationniste !),
est à la fois une nécessité et un bien public privatisé ! (A fortiori, dans un
régime de Fiat monnaie.) Cette privatisation, très générale, est
constitutionnalisée par le statut aberrant de la
BCE.
* Au cours de la construction de l'UE de Lisbonne, (sans doute la pire de toutes
les UE possibles), elle est ainsi devenue un... privilège inexpugnable,
(puisqu'il existe plusieurs dizaines de droits de veto: ceux des 28
gouvernements de l'UE de Lisbonne + ceux d'un certain nombre de Parlements, ou
d'institutions comme la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe).
* Nous sommes dans un système économique et médiatique qui octroie le pouvoir à
certains acteurs, (dirigeants politiques... patrons de grands groupes
financiers... et leurs... éditocrates serviles), de faire des prédictions autoréalisatrices".
C'est le cas, par exemple, lorsque l'un d'eux affirme que les petites
exploitations agricoles doivent disparaître, car... "elles ne sont plus
compétitives", (du moins, selon notre façon arbitraire de faire des comptes,
avec un indicateur qui
valorise des richesses qui sont aussi des nuisances: cf. pour les grands
groupes, la privatisation des profits et la socialisation des pertes...
notamment dans le cas de banques Too big to fail),
Il s'en suit que les banques, usant de leur pouvoir de vie et de mort sur nos
projets, sont incitées à refuser de financer les postulants à la reprise
d'exploitations familiales viables ! Et, en effet... les petites exploitations
agricoles disparaissent ! (ainsi - par la même occasion qui n'a rien de
fortuit - que notre... souveraineté alimentaire !)
Dans son immense majorité le peuple grec n'a pas conscience, (ni plus ni moins que les autres),
de ces faits, (il ne s'agit pas d'opinions !), à la fois très techniques, mais surtout... sans cesse
brouillés, dissimulés, ou déformés... par quelques dizaines d'éditocrates
cygnorants !
Je veux parler de ces journalistes ou lobbyistes qui ont leur place réservée à
"C dans l'air" et autres hauts lieux de la désinformation au service de la
résignation et de la docilité ! (Cf. la video
Les nouveaux Chiens de garde
!)
Cependant, ce peuple a le grand mérite, (qui est aussi une chance pour nous !),
d'avoir mis au pouvoir des dirigeants qui n'ont pas à braver un tabou absolu
pour les autres gouvernements:
Ne jamais reconnaitre qu'on s'est trompé ! Sans se couvrir la tête de cendres...
Tsipras et son gouvernement peuvent déclarer qu'ils veulent bien "Rester dans
l'Europe, mais... pas celle là !" En attendant celui de Podemos, (on croise
les doigts !), aucun autre gouvernement n'est, hélas, en mesure de le faire !
(Quid de pantins comme Sarkozy ou Hollande ?!)
C'est pour cela que le vote d'hier est un événement majeur, même s'il n'est pas
certain qu'il suffira à surmonter la résistance acharnée de tous ceux, parmi les
"1%"... dont la remise en cause de l'UE de Lisbonne menacerait les avantages
acquis... aux dépens des peuples, aux dépens des "99%" !
Pour ceux d'entre nous qui ont pu, (notamment grâce à l'espace de liberté qu'est
le web), prendre conscience de ces... zones aveugles des débats télévisés, il
est critique de contribuer à lutter contre la crainte... la résignation, et pour
finir... la docilité recherchées par... "les 1%" !