20 Janvier 2011 (Révisé 21 Janvier & 23 Février)
Mettre fin à 38 ans d'aveuglement,
d'entêtement, et/ou... de cynisme !
En 2011, le poids des intérêts de la dette publique deviendra sans doute, comme
il était facile de le prévoir, le premier poste de dépenses de l'Etat. Et si ce
n'est pas en 2011... ce sera en 2012 ! En effet, il suffit d'un "froncement
de sourcils" de Moody's ou de Standard & Poors, pour que la charge des
intérêts augmente de 20, 30, ou 50 % ! (Le 21/12/2010, l'agence de notation
financière Fitch a baissé la note de la dette de la région Picardie).
Or, ce n'est pas une fatalité qu'une dépense publique, injuste et improductive,
soit celle qui augmente le plus !
C'est plutôt la conséquence mécanique d'un choix politique fait d'abord en
janvier 1973, dans le cadre national, (sous Pompidou - Giscard), puis, 19 ans plus
tard, dans le cadre de la construction européenne (art.104 du traité de
Maastricht, devenu 123 du traité de Lisbonne).
Pour bien comprendre la portée de ce choix politique, même si le "Sévice
de la Dette"... ne fait pas partie -curieusement- des éléments dont la
comptabilité nationale garde trace, on peut [ré-]évaluer à ~1500 milliards, (en
Euro 2009), le poids des intérêts payés depuis 30 ans. Cette somme colossale,
(~9 mois de PIB), a été versée par l'ensemble des Français à la fraction la plus
riche de la population (dans l'UE, et hors de l'UE).
Le choix politique que le présent texte dénonce est celui de la "financiarisation
de la dette publique": en effet, le recours aux marchés financiers, (et le pouvoir
ainsi remis aux agences de notation), ne constitue pas la seule possibilité !
Une autre méthode est de s'endetter directement auprès de la Banque
Centrale, un bien public depuis 1945, c à d. depuis la mise en oeuvre du
programme du Conseil National de la Résistance, qui déplait
beaucoup à... Denis Kessler, (ce grand défenseur du Club "Le Siècle"...), mais
dont Stéphane Hessel, dans son petit opuscule "Indignez vous !", nous rappelle
les mérites.
Oui, il existe un choix politique qui ne pourrait plus servir d'alibi commode à
François Fillon, (cf. le propos trompeur sur le "pays en faillite"...), pour
nous faire accepter
avec résignation la démolition en cours du modèle républicain, et la
destruction des solidarités et du tissu social, dont les services publics sont
la trame !
Au lieu d'un recours systématique aux marchés financiers, (coûteux pour le
contribuable, et... périlleux pour la démocratie, dès lors que ce sont les
agences de notation qui dictent la politique économique), il existe une autre
possibilité. Elle s'appelle monétisation de la dette, mais tous
ceux dont les intérêts, (à plus d'un sens du terme...), seraient compromis par
ce choix, l'appellent plutôt "Planche à billets".
Il est remarquable de constater combien, pour
la plupart de nos dirigeants,
l'association "Planche à billets = inflation " est immédiate et
automatique. Ce réflexe pavlovien est d'autant plus inexplicable qu'on ne voit
aucune raison pour que
la création monétaire publique soit toujours
inflationniste... et que la création monétaire privée ne le soit jamais. Sans
doute n'enseigne-t-on pas à l'ENA qu'un outil est neutre ? (et qu'il
serait idiot d'interdire l'usage du marteau après... un massacre à coups de
marteau) ?
En réalité, l'empreinte qu'a laissée dans notre mémoire collective, de chaque coté du Rhin... l'épisode des assignats, ou celui des brouettes de marks... est une aubaine pour tous ceux qui profitent de la rente de la financiarisation, et peuvent s'appuyer sur le levier de la peur... pour discréditer la monétisation de la dette, si contraire à ..."leurs intérêts" ! Position d'autant plus inexpugnable que:
- ceux qui défendent cette alternative sont en général des amateurs, (comme moi), s'opposant à des "pros"... souvent prompts, (tels Denis Kessler...), à réclamer la réduction du train de vie de l'Etat... (En réalité, il s'agit surtout de perpétuer... l'augmentation du leur... en même temps que ce scandale où, dans le 6ième pays le plus riche du monde... plein de gens vivent -et meurent- dans les rues !)
- l'ignorance des journalistes se combine avec celle des politiques pour crier "Gare à l'inflation !" dès que l'on parle de monétiser la dette.
C'est ainsi que l'aveuglement coupable de nos dirigeants, (UMP ou PS), permet au "Sévice de la dette" de se transformer... en esclavage de la dette ! (à l'image de ce qui s'est passé pour Haïti, ou la Jamaïque).
Dans ce contexte, comment ne pas rendre grâce à l'ineffable Patrick Artus, qui dès septembre 2009, voyant venir l'effet "Boule de neige" d'une "dette qui nourrit la dette"... s'est mis a prôner sa monétisation[#] !
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=48836
http://cib.natixis.com/
http://cib.natixis.com/
Cela fait maintenant près de 18 mois que Patrick Artus parle avec insistance de
la monétisation de
la dette publique ! Et il n'est pas le seul: les Economistes Atterrés (Cf leur
mesure 14),
la F NH (Hulot), Alain Grandjean, sans oublier ceux qui préconisent la sortie de
l'Euro, (Marine Le Pen, tout récemment), afin de récupérer la souveraineté
monétaire, c a d. la possibilité pour le Trésor Public de choisir entre
financiarisation et monétisation.
Un grand mérite d'une initiative que je soutiens ("Le
123, ça suffit !"), est d’informer ceux nos concitoyens qui galèrent, (ils
sont, hélas, les plus nombreux...), et d'attirer leur attention sur une des
"causes premières" de leur aliénation !
Bien entendu, le caractère facultatif du "Sévice de la dette" est
soigneusement dissimulé par les partis et les médias dominants, de sorte que
cette dépense improductive, (qui ne sert qu’à enrichir les plus riches, en UE et
hors de l’UE), n'est pas assez denoncée, et que la possibilité et l’opportunité
d’y mettre un terme... ne sont jamais débattues !
La première condition de l’émancipation, c’est de savoir reconnaître les
causes de l’oppression !
[#] "On va donc observer, comme au Japon, une substitution durable de la dette
publique à la dette privée.
Pour éviter que ceci ne dégrade la qualité de la signature des Etats, cette
substitution impose la monétisation de la dette publique, c'est-à-dire que la
dette publique est portée par les Banques Centrales (est mise à l’actif du bilan
des Banques Centrales) et pas par les agents économiques privés.
Ex post, ceux-ci substituent donc de la monnaie (des actifs liquides) à la dette
privée dans leurs portefeuilles (qu’il s’agisse de banques, de ménages,
d’investisseurs institutionnels)".
P. Artus, Flash Natixis N° 432 - 25 septembre 2009.